FHS

Le FHS sous Linux : Où ranger ses affaires dans le grand appartement du pingouin

Dans l’univers parfois brutal de Linux, il est une chose que tout bon utilisateur apprend (parfois à ses dépens) : il faut savoir où on range ses fichiers. Le FHS (Filesystem Hierarchy Standard) est là pour vous guider, tel un manuel IKEA du système de fichiers. Sauf qu’ici, la notice est respectée… ou votre système ne redémarre plus.

Mais qu’est-ce que le FHS ?

Le FHS définit la manière dont les dossiers sont organisés dans les systèmes GNU/Linux. Il indique où doivent se trouver les fichiers système, les configurations, les exécutables, les journaux, les données utilisateur, etc. Ce n’est pas qu’une convention : c’est la clé de voûte de l’ordre dans le chaos binaire.

Arborescence : Linux, ce n’est pas Windows

Dans Linux, tout commence à la racine : /. C’est la base de l’arborescence, l’équivalent du tronc d’un arbre. À partir de là, tout se divise en branches (répertoires), feuilles (fichiers), et parfois en champignons toxiques (scripts mal placés).

Fichiers, dossiers, chemins

  • Fichier : contient des données. Il peut être texte, binaire, script, ou mystère non identifié.
  • Dossier (répertoire) : contient d’autres fichiers ou dossiers. Un peu comme une boîte dans une boîte dans une boîte. (Inception, version Linux.)

Un chemin absolu commence toujours par / et décrit le chemin complet depuis la racine (ex : /etc/passwd).

Un chemin relatif part du dossier courant. Exemple : si vous êtes dans /home/toto et tapez ../jules, vous montez d’un dossier (dans /home) et allez dans jules. Attention : mal jouer avec les chemins peut vous emmener là où il ne faut pas — comme un enfant de 5 ans seul dans une salle de production.

Les répertoires essentiels : petit tour guidé dans la maison Linux

  • / : la racine. C’est la base de tout. Le « C: » de Linux. Mais sans la nostalgie des BSOD.
  • /etc : contient tous les fichiers de configuration système. Si vous modifiez ça sans savoir ce que vous faites, préparez-vous à voir des messages d’erreur que même l’enfer refuserait d’afficher.
  • /home : dossier personnel des utilisateurs. Chacun a son sous-dossier. C’est votre chambre, votre domaine, votre sanctuaire… jusqu’à ce qu’un administrateur entre.
  • /root : le /home de l’utilisateur root (le Dieu tout-puissant du système). Si vous y accédez, c’est que vous êtes root, et si vous y restez trop longtemps… c’est que vous êtes probablement dangereux.
  • /bin : contient les exécutables essentiels utilisables par tous, même en mode « système minimal ». Genre ls, cp, bash… Bref, le kit de survie.
  • /sbin : comme /bin, mais pour les commandes système réservées à root. L’équivalent des outils que vous rangez hors de portée des enfants.
  • /var : contient les données variables comme les logs, les mails, les bases de données. C’est le dossier qui grossit sans prévenir et remplit votre disque si vous oubliez de faire le ménage.
  • /boot : contient le noyau Linux et les fichiers de démarrage. Ne touchez à rien ici à moins de vouloir apprendre à réinstaller GRUB dans la douleur.
  • /dev : fichiers spéciaux représentant les périphériques (disques, clés USB, souris…). Tout est fichier, même votre disque dur. Poétique et potentiellement catastrophique.
  • /proc : système de fichiers virtuel qui expose des informations sur les processus et le système. On y lit l’état du noyau, la mémoire, et même les secrets d’un CPU en burnout.
  • /mnt : point de montage temporaire pour des systèmes de fichiers externes (clés USB, partitions…). C’est la salle d’attente des périphériques.
  • /media : similaire à /mnt, mais utilisé automatiquement par l’environnement de bureau pour les supports amovibles.
  • /tmp : fichiers temporaires. Tout ce qui y est placé est destiné à mourir (souvent au redémarrage). Un cimetière numérique.

Où suis-je ? Qui suis-je ? Dois-je tout supprimer ?

Connaître sa position dans l’arborescence est crucial. Utilisez pwd (« print working directory ») pour connaître votre position actuelle. Tapez ls pour voir ce qu’il y a autour. Et avant de faire rm -rf *, relisez trois fois la ligne. Ou préparez votre CV.

Le dossier courant est représenté par . (le point). Le dossier parent par .. (deux points). Ces notations sont utiles dans les chemins relatifs : ../fichier revient à monter d’un niveau et accéder à « fichier ».

Conclusion : Linux, c’est pas le bazar… si vous rangez bien

Le FHS n’est pas qu’une convention académique : c’est ce qui évite que votre serveur ressemble à un bureau où tout est rangé dans un seul tiroir appelé divers. Savoir où l’on se trouve, ce qu’on y met, et pourquoi on y met quelque chose, c’est ce qui distingue l’administrateur du kamikaze numérique.

En cas de doute, ne touchez pas. En cas d’urgence, sauvegardez. Et en cas de catastrophe, formatez… avec élégance.