Adressage IP

Adressage IP : Le code postal de l’Internet (et des migraines)

L’adressage IP, c’est ce qui permet à votre ordinateur de ne pas se perdre dans le cyberespace, comme un touriste sans GPS à Tokyo. Sans adresse IP, pas de communication. Pas d’Internet. Pas de TikTok. Bref, l’Apocalypse.

Mais au fait, pourquoi une adresse IP ?

Le but d’une adresse IP est simple : identifier de manière unique chaque machine sur un réseau. Comme un numéro de plaque d’immatriculation, mais avec moins de lettres moches et plus de zéros binaires.

Elle permet :

  • de localiser une machine dans un réseau,
  • de router les données au bon endroit,
  • et de vous faire surveiller par votre routeur. (Mais chut, c’est pour votre sécurité.)

Adresse IP dans le modèle OSI : couche 3, les routes de l’enfer

Dans le célèbre modèle OSI (qui, rappelons-le, est un bon support pédagogique), l’adresse IP se situe dans la couche 3 : la couche réseau. C’est elle qui décide par où vont passer vos données. Elle ne garantit ni livraison, ni amour, ni sincérité — juste un effort pour atteindre l’adresse indiquée.

Structure d’une adresse IPv4 : 32 bits de bonheur

Une adresse IPv4 est composée de 32 bits, généralement affichée en quatre octets séparés par des points (ex : 192.168.1.1). Chaque octet va de 0 à 255, ce qui donne environ 4,3 milliards d’adresses… enfin, sur le papier. En vrai, c’est comme les places de parking à Paris : il y en a, mais pas pour vous.

Classes d’adresses : quand l’élitisme touche les IP

Les adresses IP sont historiquement divisées en classes :

  • Classe A : 0.0.0.0 à 127.255.255.255 – Pour les très gros réseaux (et les mégalos).
  • Classe B : 128.0.0.0 à 191.255.255.255 – Moyens réseaux (type multinationale qui se cherche encore).
  • Classe C : 192.0.0.0 à 223.255.255.255 – Petits réseaux (votre PME en sueur).
  • Classe D : 224.0.0.0 à 239.255.255.255 – Multicast (envoyer à tout le monde d’un groupe sans envoyer à tout le monde).
  • Classe E : 240.0.0.0 à 255.255.255.255 – Réservée (à Dieu, probablement, car personne ne s’en sert).

NB : Aujourd’hui, les classes sont obsolètes avec le CIDR (Classless Inter-Domain Routing), mais comme les VHS et les fax, certains continuent d’en parler (il faut connaître son passé pour aller vers son futur).

Masque de sous-réseau : la découpe chirurgicale du réseau

Le masque de sous-réseau sert à définir la frontière entre la partie réseau et la partie hôte d’une adresse IP. Par exemple :

Adresse : 192.168.1.10
Masque  : 255.255.255.0

Ici, les trois premiers octets identifient le réseau, le dernier l’hôte. C’est un peu comme dire : « Rue de l’Internet, bâtiment 192.168.1, appartement 10 ».

Adresses IP privées vs publiques : l’intérieur vs le grand méchant monde

Adresses privées : elles ne sont pas routables sur Internet. Idéal pour les réseaux internes où chacun peut s’engueuler en paix.

  • Classe A : 10.0.0.0 à 10.255.255.255
  • Classe B : 172.16.0.0 à 172.31.255.255
  • Classe C : 192.168.0.0 à 192.168.255.255

Adresses publiques : celles qu’on achète, revend, ou alloue comme du vrai foncier numérique. Routables sur Internet, et donc pistables.

Adresses spéciales : les VIP de l’IP

  • 0.0.0.0 : adresse indéterminée. Elle signifie « je suis encore à la recherche d’une identité ». Pauvre petite.
  • 127.0.0.1 : Loopback, ou « localhost ». C’est votre machine qui se parle à elle-même, ce qui est normal pour un PC (moins pour un humain).
  • 169.254.0.0/16 : APIPA (Automatic Private IP Addressing). Quand DHCP est absent, Windows panique et vous donne une adresse de secours. Un peu comme s’il vous filait un faux passeport dans un aéroport.
  • 224.0.0.0 à 239.255.255.255 : adresses multicast. Pour envoyer un message à plusieurs sans spammer tout le monde.
  • 255.255.255.255 : adresse de broadcast local. Elle hurle sur le réseau : « À TOUT LE MONDE, ICI ET MAINTENANT ! »

Et l’IPv6, alors ?

L’IPv6, c’est l’avenir… ou du moins, ce qu’on nous promet depuis 20 ans. Avec 128 bits, on peut donner une adresse à chaque grain de sable sur Terre. Mais attention : plus de NAT, plus d’anonymat. Le rêve des fournisseurs d’accès. Et des gouvernements.

Conclusion : l’IP, c’est l’identité numérique… jusqu’à ce que ça plante

Une adresse IP est à votre machine ce qu’un RIB est à votre compte bancaire : indispensable, mais incompréhensible pour la majorité. Derrière ses petits chiffres, elle régit une bonne partie de l’Internet et de votre quotidien.

Alors, la prochaine fois que vous tapez ipconfig dans l’invite de commande, ayez une pensée émue pour cette modeste suite de chiffres, sans qui votre chat en ligne n’arriverait jamais à bon port.